Arnaud Desjardins
Qui était Arnaud Desjardins ?
Parmi les élèves directs -Indiens et Français - de Swâmi Prajnânpad, le cas d'Arnaud Desjardins (1925-2011) a ceci de particulier qu'il n'est pas seulement l'auteur d'ouvrages consacrés à l'enseignement de Swâmi Prajnânpad mais aussi son principal successeur en tant que guide spirituel.
Après avoir fait carrière comme réalisateur à la Télévision Française, (où ses films documentaires consacrés à la spiritualité vivante lui ont valu une certaine notoriété dans les années 60 à 70), Arnaud Desjardins a décidé -en accord avec son maître- de mettre un terme à sa vie professionnelle en 1974 pour se consacrer exclusivement à la retransmission orale (donc directe) de l'enseignement de Swâmi Prajnânpad.
Pour ce faire, avec une poignée de personnes intéressées par ce projet, il a fondé un premier petit centre de retraite (ashram) en Auvergne : Le Bost. C'est là que, pendant une dizaine d'années, il a, pour ses premiers élèves, mis en œuvre de façon vivante les enseignements qu'il avait lui-même reçus de Swâmi Prajnânpad.
Par la suite, et du fait, entre autres, de l'accroissement régulier de son audience, il a été amené à déménager pour agrandir son centre d'enseignement, une première fois dans le Gard (Font d'Isière) puis, depuis 1995, en Ardèche (Hauteville).
C'est donc dans ce centre d'enseignement (ashram d'Hauteville à Saint Laurent du Pape) qu'il a continué, jusqu'à sa mort survenue en août 2011, à faire vivre l'Adhyatma Yoga de Swâmi Prajnânpad pour un nombre toujours plus grand de personnes, le plus souvent venues à cet enseignement soit par la lecture de l'un des nombreux ouvrages qui lui sont désormais consacrés soit encore par le simple "bouche-à-oreille"...
Dès 1979, Yann et Anne-Marie Le Boucher, ont rejoint le groupe des élèves français d'Arnaud Desjardins les plus impliqués et à ce titre ils ont été autorisés, une dizaine d'années plus tard, à créer et à animer en Bretagne un centre de transmission de l'Adhyâtma Yoga qui a été officiellement inauguré par leur maître en 1995. Bien qu'indépendant dans sa direction et son fonctionnement, le centre de la Bertais est donc spirituellement affilié au centre ardéchois d'Hauteville, actuellement dirigé par la petite équipe d'élèves avancés qu'Arnaud Desjardins avait constitué de son vivant pour assurer la pérennité de son œuvre...
Évocation de la vie d'un homme remarquable
Pour en savoir plus sur Arnaud Desjardins, ci dessous, un extrait du long article paru fin 2012 dans la revue de la Chinmaya Mission rédigé par Yann Le Boucher :
Voilà maintenant plus d’un an qu'Arnaud Desjardins a « quitté son corps » alors qu’il venait d’entrer dans sa 87ème année. Étant donné le rôle important qu’il a joué en France en tant qu’ambassadeur de la spiritualité orientale vivante, nous avons demandé à Yann Le Boucher, l'un de ses élèves directs, d'évoquer pour vous la vie, l'œuvre et l'enseignement de celui qui se définissait lui-même d'abord comme le fervent disciple d'un maître de l'advaïta védanta, Swâmi Prajnanpad.
La vie d'Arnaud Desjardins est particulièrement bien remplie et c'est une gageure que de l'évoquer en quelques lignes. Ce n'est pas pour rien que l'écrivain Jacques Mousseau lui a consacré en 2002 une biographie de 354 pages* à laquelle je ne peux que renvoyer les plus curieux d'entre vous.
Plus récemment, son fils Emmanuel a réalisé une interview filmée de deux heures qui retrace d'une façon particulièrement inspirante le parcours extérieur et intérieur de cet homme remarquable*. A ceux et celles qui voudraient faire davantage connaissance avec Arnaud, je ne peux, là encore, que recommander chaudement ce DVD…
Mais pour les plus pressés, voici un bref survol : Arnaud a été touché très tôt par l’idée de la possibilité d'un Éveil de la Conscience. Il a donc consacré sa vie à la quête de cet éveil, puis à la retransmission des enseignements reçus des principaux maîtres fréquentés durant sa quête et enfin il est devenu, de par son accomplissement intérieur, une source vivante d’inspiration pour toute une génération de chercheurs spirituels dont je fais partie.
D'un point de vue pratique, cela l'a d'abord conduit à fréquenter les groupes Gurdjieff, puis les ashrams hindous (Arnaud était un grand « devotee » de la sainte et sage Bengalie Ma Ananda Mayi), puis la première génération des maîtres du bouddhisme tibétain, alors exilés en Inde (entre autres, Dudjom Rimpoché, Kalu Rinpoché, Khyensé Rinpoché, Gyalwa Karmapa, pour qui il a servi "d'ambassadeur" en Europe et en France). Il a ensuite approché les maîtres soufis de l'Afghanistan d'avant l'invasion Russe, ainsi que le milieu des maîtres Zen du Japon. Parallèlement à ces rencontres d'Orient, il a aussi noué des liens privilégiés avec quelques représentants de la spiritualité chrétienne, en particulier au sein de la tradition monastique cistercienne.
Mais au final, c'est le sage hindou Swâmi Prajnânpad (1891-1974) qui aura joué le plus grand rôle dans sa quête personnelle et c'est essentiellement à la retransmission de l'enseignement de ce maître qu'il aura consacré les 40 dernières années de sa vie (...) Cet enseignement s’enracine pour une part dans la tradition védantique la plus « classique » et pour une autre part dans les initiatives et développements originaux de son propre maître. Allié au grand sens pédagogique d’Arnaud, il en résulte un parfum spécifique de « sagesse contemporaine » particulièrement en prise avec notre époque. A l’instar de certaines écoles philosophiques de l’Antiquité gréco-romaine, c’est une sorte d’art de vivre qui vise à l’épanouissement du potentiel de chacun, en lui donnant les moyens de tirer le meilleur parti spirituel possible de ses conditions concrètes de vie –quelle qu’apparence que celles-ci puissent prendre…
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Note n°1 : "Arnaud Desjardins, l'ami spirituel" par Jacques Mousseau, Edition Perrin
Note n°2 : "Récit d'un itinéraire spirituel, entretiens avec Arnaud Desjardins" DVD diffusé par Alizés Diffusion